Une vie de mots et d'images
Autobiographie d’une femme
De lettres néo-zélandaise,
Janet Frame.
Adapté au cinéma par une
Réalisatrice néo-zélandaise,
Jane Campion.
Je vis ce film en France,
Sans connaître ni Janet Frame
Ni la Nouvelle-Zélande.
Je vis cette histoire réelle faite
De souffrances et de joies,
D’une femme se réaliser
Par la lecture et l’écriture.
Je vis cette vie reconstituée
En trois parties chronologiques :
Je la vis faire ses premiers pas ;
Je la vis écrire son premier poème,
À l’initiative d’un professeur ;
Je la vis naviguer dans les rayons
D’une bibliothèque et y choisir
Des livres pour toute sa famille
(trois sœurs, un frère et ses parents) ;
Je vis la peine de cette famille,
Suite au décès de l’ainée par noyade.
Je la vis ensuite entrer à l’université,
Sa difficulté à se lier aux autres,
Sa difficulté à vivre au quotidien ;
Ce malaise sourd dans ses écrits
Au point qu’un professeur l’incite
À se faire soigner en institution,
Où elle cumulera deux cents électro-
Choc en huit années sans pour autant
Cesser d’écrire des nouvelles réunies
En recueil, publiées et célébrées ;
Elle échappe ainsi à une lobotomie
Programmée, quitte cette prison
Et se consacre à l’écriture.
Enfin, grâce à une bourse,
Je la vis partir pour un long
Voyage à l’étranger ;
Je la vis passer à Londres et Paris,
S’installer en Espagne,
Écrire sans arrêt, mais aussi faire
Des rencontres sans intérêt,
D’autres amoureuses ;
Je la vis revenir à Londres
Où, sur les conseils d’un médecin,
Elle écrit sur son internement,
Un texte publié et salué.
Je la vis, à la mort de son père,
Retourner en Nouvelle-Zélande,
Écrire encore et y vivre loin
Du tumulte du monde.