Roman de Stanisław Lem (1961) et adaptation cinématographique d'Andreï Tarkovski (1972)
voyage vers la planète à matière protoplasmatique
recherches figées dans la station d’observation
équipe scientifique en situation délicate
atteinte de délire paranoïaque
suicide d’un scientifique
je tombe de sommeil dans ma cellule
somnolence subite
je flotte mon corps en fuite
paupières entrouvertes
au coin sans ombre une forme
j’enlace des yeux mon regard vers elle
je tends la main reconnaît avec soin
je cherche mes mots pour toi
je cherche mémoire de toi
je parcours l’espace réduit de vie
me place devant un hublot
face à l’océan organisme intelligent
il serait constitué d’un cerveau
il réagirait à ce que nous faisons
en dialogue il répond à sa manière
il cherche un choc au fond de nous
faire revivre quelque chose de nous
il aurait ce pouvoir
et tu revis je te vois
je cherche à comprendre
je n’ai aucun doute sur ta disparition
tu es morte
je n’ai aucun doute sur ta présence
tu es là
face à moi
des rayons percent les pans de poussières
et embrasent notre station
de ce côté des hublots la lumière hurle
elle ceint un enlacement charnel
une tension condensée dans nos corps
énergie restitués par nos pores
le rythme de ton corps passe
dans mes mains mes bras mes tempes mon estomac
ça résonne partout
ton corps vivant et pourtant ta mort
j’aimerais comprendre
une coupure sur ta peau se referme aussi vite
il me faut survivre avec toi et pourtant ta mort
je te fais partir en vaisseau
toujours revenant
une autre toi
et la mort dans ton corps
demain en moi
je reste avec toi pris par l’océan
en vie
nos corps sont-ils encore vivants
au milieu de ce magma avec toi ?
nos corps sont-ils encore aimants
au milieu de cet espace avec toi ?