Un film brésilien de Ruy Guerra
Milagres, ville du Nordeste, Brésil, 1963.
Une chaleur étouffante.
Une terre infertile.
Une eau rare.
La famine gagne une population appauvrie.
Si le prêtre implore le bœuf sanctifié,
les pères sont prêts à vendre leurs enfants
afin d’acquérir un peu de nourriture.
Et les armes à feu dans les mains des soldats.
Des soldats venus défendre le chargement
de récoltes destinées à nourrir d’autres bouches.
Les armes à feu : Mauser 1895, calibre 7 mm,
dont la portée maximale est de quatre mille m.
Pas de fusil entre les mains de Gaúcho,
chauffeur de camion aujourd’hui, soldat hier ;
il sait néanmoins en remonter un à l’aveugle.
Gaúcho, ancien camarade d’un soldat,
encore en uniforme aujourd’hui ;
il lui a sauvé la vie.
Sur cette terre désertique,
les pieds nus forment procession
pour le bœuf sanctifié et un miracle.
Les doigts des soldats, eux,
tremblent d’ennui et suent d’envie
qu’un jeu de cartes trompe un temps
ou qu’un cabri, à portée, pourrait égayer ;
c’est ce que croit le soldat à la mauvaise visée
ou est-ce un saut de cabri ?
La balle, calibre 7 mm, part
prendre la vie d’un berger.
La bavure est légère pour son auteur,
pas pour le mort ni le sergent.
Le corps, mutilé à la machette
pour faire disparaître l’impact de balle,
ne ment pas à Gaúcho
révolté par l’apathie et
la passivité de la population,
alors que le prêtre se goinfre
et que les camions chargés
s’apprêtent à quitter la ville.
Gaúcho assiste alors à l’aumône
d’un homme, son enfant mort aux bras,
pour une caisse de bois en guise de cercueil.
La révolte de Gaúcho se matérialise
par le vol du fusil d’un soldat et
par le meurtre du chauffeur d’un camion.
Gaúcho est alors pris en chasse,
à travers les ruelles écrasée par le soleil,
par les autres soldats assoiffés.
Après une courte poursuite,
à court de munitions, Gaúcho
est abattu de plusieurs balles.
Dans la même fournaise, les soldats
quitteront la ville et le bœuf sera sacrifié.